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L'oeil de Corneille
24 juillet 2018

Données et systèmes d'information

Avec le numérique, le cerveau d’œuvre a remplacé la main-d’œuvre employée pour réaliser une tâche répétitive, dont l’intelligence était laissée en jachère. L’iconomie, au contraire, sollicite les ressources mentales du cerveau d’œuvre. Chaque individu est invité à développer une compétence technique et relationnelle. L’économie mécanisée assimilait l’entreprise à une machine. Dans l’iconomie, nous voyons apparaître l’entreprise comme une réalité psychosociologique. On ne peut pas commander le cerveau d’œuvre comme on a commandé naguère la main d’œuvre et on ne peut pas utiliser la discipline comme moyen d’instaurer la synergie. Pour que le cerveau d’œuvre devienne synergétique, il faut qu’il adhère à des symboles qui confèrent un sens à l’entreprise. La synergie ne peut être atteinte que si les cerveaux d’œuvre partagent une même représentation de l’entreprise, de ses produits et de sa relation avec ses clients. L’automatisation des tâches répétitives a fortement réduit le coût marginal de production. Nous le constatons dans l’informatique, les logiciels et les microprocesseurs. Ce constat renverse l’une des hypothèses sur laquelle s’appuie l’optimalité de la concurrence parfaite issue de la théorie néoclassique, puisque le rendement d’échelle est croissant. Le régime de concurrence qui s’instaure dans l’économie numérique est celui de la concurrence monopolistique. Cette concurrence exige des régulateurs un renouvellement de leurs méthodes. Plus nous automatisons, plus se fait sentir le besoin de relations de personne à personne. Or cette réalité est trop ignorée aujourd’hui. Les produits de l’iconomie représentent donc des assemblages de biens et de services élaborés généralement par des réseaux d’entreprises partenaires plutôt que par une seule entreprise qui suivent le produit jusqu’entre les mains du consommateur, qui devient ainsi un utilisateur. Tous ces phénomènes se reflètent aujourd’hui dans les systèmes d’information de l’entreprise. Le système d’information assure à la fois la cohérence des biens et des services dans le produit, l’interopérabilité des partenariats, la symbiose de la ressource informatique et du cerveau humain et la synergie des initiatives. Pour comprendre vraiment le numérique, c’est donc sur ce point focal de l’entreprise qu’il faudrait diriger les outils d’observation statistique. Or les systèmes d’information présentent des degrés de qualité très divers. Nous pouvons ainsi identifier la maturité à laquelle les entreprises ont accès. Cette qualité constitue aussi un indicateur de la compétitivité de l’économie. Les économistes ont tendance à croire que l’efficacité représente un attracteur naturel, mais il importe d’observer les écarts dans l’efficacité, car le monde réel n’est pas un monde idéal dans lequel l’efficacité serait donnée. L’expérience montre d’ailleurs qu’une entreprise ne peut atteindre une bonne qualité de son système d’information que si le dirigeant lui-même s’implique dans la conception de ce système. La mise en place d’un système d’information de qualité pose de tels problèmes sociologiques que les obstacles internes sont extrêmement forts. Sur le terrain, nous constatons souvent que les interfaces homme-machine ne sont pas définies en fonction des exigences du terrain, mais en fonction des préjugés de la direction générale. Il en résulte des absurdités manifestes. Lorsque vous faites travailler un cerveau d’œuvre dans des conditions illogiques, vous le soumettez en outre à une souffrance importante. Nous en avons recueilli de nombreux témoignages. Il arrive aussi souvent que, dans l’entreprise, chaque direction adopte son propre vocabulaire, sa propre définition des données et sa propre manière de les coder. Il en résulte une abondance d’homonymes. Assez souvent, on ne sait même plus de quoi l’on parle. Or si vous introduisez des données de mauvaise qualité dans votre système d’information, le meilleur des algorithmes ne pourra rien donner qui vaille.

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